Je reviens des obsèques de Philippe Séguin avec un goût amer. Certes la cérémonie fut belle et solennelle. Mais le peuple qu’il affectionnait tant était absent, les barrières de sécurité bloquant l’accès des anonymes, des sans-grade.
Il y avait dans la nef de l’église Saint-Louis des Invalides toute la classe politique française (ou presque…) comme si, soudain, celle-ci voulait exprimer un remord.
Au-delà bien sûr de la perte d’un être exceptionnel, comment s’empêcher de penser à la mise entre parenthèses - par ces mêmes dirigeants pressés d’honorer l’homme - de ses idées, de cette « certaine idée de la France » si chère au Général de Gaulle et pour laquelle il s’était tant battu. Heureusement les idées renaissent surtout quand elles sont en profonde adéquation avec la personnalité d’un peuple.
En filigrane, les commentateurs n’ont cessé d’insinuer que le « séguinisme » était parti avec son initiateur : vision « ancienne » pour les uns, édulcorée au fil du temps au point d’en devenir illisible pour les autres, à n’en pas douter il s’agirait davantage d’une posture liée à un caractère fort (parfois même un peu trop, nous dit-on) que de convictions pertinentes et solides dans la vie politique nationale.
Mais tout cela ne montre-t-il pas la gêne et la peur des adversaires politiques de Philippe Séguin de voir resurgir, après sa mort, son idéal de la France ? Un idéal resservi, faut-il le rappeler, à chaque élection par ceux-là mêmes qui s’empressent ensuite de lui tourner le dos. Mais un idéal de liberté et de justice qui, en réalité, l’a bel et bien emporté en mai 2005 avant d’être mis sous le boisseau par l’UMPS.
En voulant enterrer ses idées en même temps que l’homme, c’est un adieu définitif au séguinisme que les politiciens ont voulu dire, oubliant que l’intéressé lui-même n’excluait pas de revenir dans l’arène à l’issue de ce qui n’aurait été qu’une traversée du désert.
Convaincus de la justesse et de la modernité intactes de son idéal, nous dirons simplement au revoir à ce qu’a représenté Philippe Séguin, jusqu’à ce que la roue de l’histoire, avec notre concours, en fasse ressurgir la nécessité et en consacre la victoire.
Il nous revient maintenant de poursuivre le combat. Je suis conscient d’être désormais en première ligne pour porter cette certaine idée de la France. Quand j’aurai besoin de courage, je penserai à Philippe Séguin.
Le meilleur hommage qu’on puisse lui rendre n’est-il pas de poursuivre ce qu’il a tenté avec tant de talent ? L’avenir dira si nous en sommes capables.
A nous de nous battre sans compromis et sans relâche pour être à la hauteur de cette responsabilité.
NDA